Combien de fois par jour penses-tu à ton poids? 5, 10, 15…100 fois? Trop souvent, probablement. Crois-tu être seule à y penser autant? C’est loin d’être le cas, puisque 73% des femmes souhaitent perdre du poids et 22% disent que la gestion de leur poids mène carrément leur vie1. Pour les hommes, le portrait n’est pas vraiment mieux puisqu’une étude a démontré que des hommes qui devaient choisir un modèle de corps qu’ils souhaiteraient avoir optaient pour des corps d’hommes musclés qui pesaient, en moyenne, 26 livres de plus qu’eux 2! Bref, l’insatisfaction corporelle, c’est assez commun, gars ou fille.
On le fait tous, on se scrute à la loupe : un petit pli de trop par-ci, un peu trop de cellulite par-là, pas assez de muscles, pas assez de fesses, trop de ventre… les complexes sont nombreux.
Pour nous aider à s’aimer encore plus, on se fait bombarder par toutes les publications Instagram, TikTok et Facebook de ce monde qui nous font croire qu’on devrait, nous aussi, avoir un corps de rêve comme celui de la belle blonde dans le mini bikini Victoria’s Secret ou du colosse qui pose pour la pub de suppléments de protéines. On le sait qu’ils sont probablement photoshopés et que ce n’est pas la réalité, mais maudine qu’on aimerait ça leur ressembler!
Surexposés au fake
Le problème, c’est que, les photos sont tellement souvent modifiées que, même si on connaît le phénomène, en étant constamment exposée à des corps parfaits, on finit par normaliser ces silhouettes sans vraiment en être consciente. Une étude de 1999 a conclu « qu’une femme voyait environ 1200 publicités par jour, dont un tiers contenait un message relatif à l’apparence physique. »1 (j’imagine que ça ne doit pas être mieux pour les hommes)…on parle de 1999, imagine plus de 20 ans plus tard avec tous les médias sociaux! En plus, ce que sous-entendent souvent ces messages, c’est que c’est facile d’avoir un corps aussi parfait, il suffit d’y mettre quelques efforts!
Donc, on se dit qu’on devrait s’abonner au gym mais, encore là, on est souvent intimidée avant même d’y avoir mis le pied en voyant leurs pubs de corps découpés en couteau. Je ne sais pas pour toi, mais moi, quand je vais au gym, je suis loin d’être le belle mannequin toute fraîche avec la queue de cheval bien droite et le maquillage impeccable. Je sue ma vie, j’ai les cheveux dans tous les sens, je suis rouge comme si j’avais mangé 50 ailes 9-1-1, bref, je ressemble à une fille qui s’entraîne pour vrai. À moins que tu ailles au gym que pour prendre des photos Instagram, tu risques aussi d’avoir l’air de ça. Donc, pourquoi est-ce qu’on nous montre toujours des miss parfaites avec un derrière signé Jennifer Lopez et un p’tit top sexy qui leur fait même pas de bourrelet de d’ssous de bras ou encore des monsieurs Muscles avec juste assez de sueur qui perle sur leur 6 packs?! Tout ce que ça fait, c’est qu’on n’a pas le goût d’y aller au foutu gym, parce qu’on a bien trop peur de se faire juger avec notre corps tout-ce-qu’il-y-a-de-plus-normal, c’est-à-dire un corps avec des imperfections. Résultat : on ne bouge pas.
Si on suivait les normes que les médias (télé, magazines, Internet) nous exigent, on devrait avoir la jeunesse éternelle, être mince (voire maigre) et être ferme et lisse de partout. À part Barbie et Ken qui, je te le rappelle, sont faits en plastique, je ne connais personne qui peut satisfaire à ces normes qui sont totalement à l’opposé de la réalité. Les rides, la cellulite, les bourrelets, les seins mous, c’est ÇA la vraie vie. Si on essaie de te faire croire le contraire, on te vend des mensonges.
Et maintenant, on fait quoi?
Maintenant qu’on sait ça, est-ce que ça veut dire qu’on devrait s’assoir devant notre Pinterest et se mettre à haïr chaque photo modifiée qui y passe en hurlant que c’est juste du fake et que c’est de leur faute si on ne s’aime pas et qu’on est obsédé par notre poids? Bon, oui, ça peut être une partie de la solution haha! Par contre, pour te simplifier la vie, désabonne-toi de ce genre de contenu. Pour aider ton algorithme à savoir que tu ne veux plus être exposée à ça, évite d’aimer ou de partager ce genre de publications, n’écoute pas les vidéos pendant plusieurs secondes (plus tu passes de temps devant une vidéo, plus l’algorithme croit que tu aimes ça) et tu peux même, selon le réseau social, indiquer que le contenu ne t’intéresse ou le signaler si tu considères qu’ils dépassent les bornes.
Toutefois, ce ne sont pas SEULEMENT ces images qui ont bâti notre image corporelle, c’est un ensemble de plusieurs facteurs qui, mis ensemble, forment la bibitte complexe qu’on est. On a souvent beaucoup de travail à faire sur soi-même, entre autres sur nos croyances par rapport au poids et sur comment on parle de nous-mêmes. Ce n’est pas vrai que notre corps est malléable au point qu’on peut le mouler comme on veut « si on se botte les fesses ». C’est inutile de souhaite atteindre un modèle précis parce que notre corps, il est unique. Arrête de vouloir le faire rentrer dans un moule pour lequel il n’est pas fait. Tu en as un moule et il est bien correct. Plus on mise sur des changements physiques et sur une perte de poids sur la balance, plus on risque de développer un mauvais lien avec les aliments et son corps. Demande-toi plutôt ce qui t’apportera un niveau plus élevé de réel bonheur et bien-être. On croit que la solution se trouve dans une perte de poids, mais l’est-elle vraiment? Qu’est-ce qui se cache derrière ton envie d’être plus mince ou plus musclée? La réponse est plutôt là. Mais ça, ça demande du temps et des efforts de réflexion, chose à laquelle la culture des diètes ne nous a pas habitués.
Je vais juste « faire attention »
Je vais peut-être te surprendre, mais le simple fait de « faire attention » à notre poids est un facteur de risque lié à la prise de poids. Quoi?! Tu as bien lu.
Les gens qui se restreignent se déconnectent de leurs signaux de faim et de satiété, ce qui fait en sorte que, quand ils recommencent à manger normalement, ils ne reconnaissent plus les signaux envoyés par leur corps. En plus, le corps réagit à une restriction en calories comme s’il était menacé par une famine. Il se met donc en mode « défense » et diminue son métabolisme de base (énergie qu’on dépense au repos pour les fonctions vitales comme respirer ou digérer), ce qui fait qu’on dépense moins d’énergie pour faire le même travail qu’avant. (Tu penses que c’est vraiment poche? C’est pourtant un moyen de défense qui a fait en sorte que des gens ont survécu aux famines à une autre époque…donc qui fait que tu es là aujourd’hui, ce qui n’est pas si mal selon moi!) Bref, il n’est pas rare qu’on se retrouve pris au piège dans le fameux effet yo-yo, c’est-à-dire qu’on perd du poids au départ pour ensuite le regagner…et parfois même plus!
Fait intéressant : des chercheurs ont remarqué que l’augmentation de l’obésité depuis les années 1970 coïncide avec le moment où les diètes amaigrissantes sont devenues un élément du mode de vie 3. Pur hasard?
La force du mental, the mental toughness
En plus, il ne faut pas oublier que les privations peuvent mener à des rages alimentaires. Au début, on est motivé. Adieu les chips, le chocolat, la pizza, les frites…on se sent plus fort que Hulk d’être capable de leur dire non.
Les jours passent et ces aliments prennent de plus en plus de place dans notre tête, mais on est fort, on résiste! Notre conjoint nous en mange en pleine face, mais on résiste toujours! La publicité qui passe pendant notre p’tit film du vendredi soir essaie tant bien que mal de nous faire manger les maudits chips qui font crrrrrrrunch, présentés en gros plan pour nous faire saliver…surtout le plus foncé, extra ketchup, de forme parfaite, même pas cassé, qui nous regarde dans le fond du sac…NON, il ne nous aura pas! Donc, on va donc se coucher en rêvant à des patates en tranches minces, trempées dans l’huile pétillante et saupoudrées de ketchup, elles nous courent après dans un champ (voir l’image au ralenti) en criant MAAANNNGE-MOIIII (quoi, juge-moi pas, chacun ses rêves OK?!! :P). Jusqu’au jour où on se dit : « ben là, je ne pourrai quand même pas m’empêcher de manger des chips toute ma vie, je peux bien en prendre juste un…deux….juste quelques-uns…il était pas plein ce sac-là?!! ». Et c’est à ce moment que vient la montagne de reproches :
« Maudite sans-cœur, t’as pas de volonté ».
« Tu peux ben être grosse, t’es-tu vu manger, une vraie truie ».
Etc.
Tout ça, c’est faux. Ce n’est pas une question de volonté, c’est NORMAL de perdre le contrôle après s’être privé, de là l’importance de ne pas tomber dans ce cercle vicieux : privation – rage – déception – motivation – privation –rage …et ainsi de suite. Tout ça en écorchant un peu plus notre estime de soi qui, elle, nous entraîne à rester dans ce cercle vicieux. Quand on est pris dedans, il faut avoir le courage de mettre un pied à terre. On a peur de se tordre la cheville parce que ça tourne bien vite ce cercle-là, mais il faut avoir l’audace d’y mettre un frein si on veut en sortir.
Comment on s’en sort? On doit, entre autres, apprendre à ne plus diviser les aliments comme étant bons ou mauvais, mettre de côté la culture des diètes et surtout, apprendre tranquillement à apprivoiser notre corps. C’est tout un défi, mais c’est le premier pas qui est le plus difficile à faire. La bonne nouvelle, c’est que tu en as déjà fait un, celui de lire cet article jusqu’ici.
Je me doute que tu as un sentiment de méfiance présentement, en te disant que tu prendras du poids si tu fais ça. C’est exactement le réflexe que tu dois essayer d’ignorer pour arriver à te sortir du fameux cercle vicieux dont je te parlais un peu plus haut. Mets l’aspect poids de côté pour une fois dans ta vie et pense seulement qu’à ton bien-être et ta santé globale (physique et mentale).
Si tu as lu ce texte, c’est probablement parce que tu as déjà essayé plusieurs méthodes pour perdre du poids et/ou pour te sentir mieux dans ton corps, mais que ça n’a pas fonctionné. Il est donc temps de changer ta façon d’aborder l’alimentation et l’activité physique (dont j’ai peu parlé dans cet article, je laisse cette spécialité aux kinésiologues!). Tu mérites d’être bien et d’arrêter de perdre tout ce temps de ta précieuse vie à penser à ton poids et agir en fonction de celui-ci.
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Sources :
- Association pour la santé publique du Québec. |En ligne|
http://www.aspq.org/uploads/pdf/4cd85e2f454dc1-image-corporelle.pdf. Page consultée en avril 2019. - Dre Stéphanie Léonard, psychologue. |En ligne| http://www.vivreavecsoncorps.ca/les-hommes/. Page consultée en avril 2019.
- Brochure Choisir de maigrir? Équilibre |En ligne| https://equilibre.ca/uploads/publication/22-document-1.pdf Page consultée en mai 2019.