Tout blanc ou tout noir
D’un côté, on a ceux qui nous encouragent à manger ce qui se trouve dans notre plan alimentaire strict même durant les Fêtes (poulet sec et brocoli à trimballer jusqu’au réveillon chez grand-maman!) et, d’un autre, il y a ceux qui nous donnent une permission spéciale pour cette période de l’année seulement, un laissez-passer all you can eat (tout ce que tu peux manger) pour deux semaines, mais qui viendra avec des conditions pré et post Noël dans le but d’épargner les calories dont on abusera et de brûler celles qui hanteront notre sommeil après coup.
Ensuite viendra la période de remords de janvier où on recevra un tsunami de reproches via les publicités à la télé, la radio, sur les réseaux sociaux … PARTOUT ! « Vous avez pris quelques kilos durant les Fêtes? Vous avez abusé de nourriture interdite ? Vous vous sentez ballonnée et fatiguée ? Vous n’avez pas bougé durant vos vacances ? Vous voulez nettoyer votre système des abus du temps des Fêtes ? ». Les solutions arriveront à nous avant même qu’on ne les demande. On nous exigera de nous botter les fesses, nous, les mauvais êtres humains qui avons mal agi … mais, on avait le droit, à condition d’immédiatement nettoyer toute trace du méfait, sous peine de se sentir coupable pendant des semaines (et si on ne se sent pas spontanément ainsi, on peut compter sur eux pour remédier à la situation!).
Donc, si on est de bonnes personnes, on va se rattraper en nous privant, en nous gavant de produits détox aussi coûteux qu’inutiles et en nous surentraînant. On ouvrira notre portefeuille déjà dégarni pour payer divers abonnements, programmes minceur, produits miraculeux, pour finalement réaliser, quelques semaines plus tard que, comme l’année dernière et toutes les précédentes, nos bonnes résolutions ont pris le bord tout aussi rapidement le sapin qui décorait notre maison. Ce cirque recommence année après année, sans qu’on réfléchisse vraiment au côté illogique et malsain de la chose. Après tout, s’ils disent que c’est ce qu’on doit faire, ça doit être parce qu’on doit le faire, non?
Tu dis qu’on ne peut pas se « lâcher lousse » à Noël, toi, la Maudite Nutri ?!
Je t’avais dit que je reviendrais sur ce point. Je t’entends d’ici me dire, désespérément : « Mais Tania, je n’aurais jamais cru t’entendre me dire qu’on ne peut pas se lâcher lousse à Noël ! ». Attention, alerte à la NUANCE ici! Entendons-nous, Noël n’arrive qu’une seule fois par année. Il s’agit d’un moment privilégié où l’on savoure des mets succulents qu’on mange généralement moins fréquemment et qui sont, en plus, souvent associés à de beaux souvenirs. On le fait aussi entourée des gens que l’on aime dans un esprit festif. Rassurons-nous : il n’y a rien de mal à être tout à fait consciente que notre signal de satiété a été atteint, mais de continuer à manger par envie, à condition que ce ne soit pas quelque chose que l’on fasse durant les deux semaines complètes et qu’on demeure à un stade de plaisir et non de grand inconfort. Par exemple, même si on sait très bien que le repas principal nous a rassasiée, on peut quand même avoir envie d’un morceau de bûche. Il vaut mieux contenter cette envie avec une portion qui nous semble être un bon compromis entre cette envie et notre sensation de rassasiement. Si on ne le fait pas « parce que ce ne serait pas raisonnable », on augmente les risques qu’au prochain repas festif (ou même, pas festif), on se rende finalement au stade d’abus. Ça arrive à tout le monde d’avoir envie de déboutonner son pantalon après avoir trop mangé simplement parce que c’était bon et on ne commencera pas à se frapper la tête sur les murs pour autant. De toute façon, peu importe la situation, cette solution n’en a jamais été une. De s’en vouloir ne règle rien. Il vaut donc mieux apprendre à relativiser et à passer à autre chose. Tu as trop mangé? Ouin, pis?
Toutefois, quand on mange trop jusqu’à se sentir vraiment mal, ce n’est pas positif. Un repas agréable peut alors se transformer en une affreuse soirée de maux de ventre, de nausées et, souvent, de remords*. C’est à ça que je fais référence quand je dis que je suis en désaccord avec l’idée de « se lâcher lousse ». Encore plus avec l’idée de préalablement se priver dans le but d’avoir des « airs lousses » pour les repas festifs. Imagine le scénario. Tu as mis ton corps en mode privation pendant des jours, voire des semaines. Tu l’as empêché de couvrir ses besoins naturels et/ou tu lui as dit non à tout aliment qui lui semblait si alléchant et satisfaisant. Puis, soudainement, c’est le paradis : tu lui donnes accès à tout ce dont il rêvait depuis un bout de temps. Évidemment que les risques de dérapage sont grands … et ce n’est pas parce que tu es lâche, plutôt parce que tu es HUMAINE. Si, en plus, tu gardes en tête l’idée que « les calories ne comptent pas à Noël » parce que tu les as épargnées et que tu en brûleras beaucoup après cette période, tu obtiens alors une recette parfaite pour l’exagération. Attention, ce ne sont pas les calories qui me dérangent dans cette situation, mais plutôt ton bien-être qui risque d’être moindre ainsi que le manque d’équilibre des extremums.
* On se rappelle qu’il en va de même pour l’alcool, même si on a tendance à se pardonner plus facilement puisque l’abus d’alcool est plus socialement accepté que l’abus de nourriture.
On ne peut pas gérer notre corps comme on gère notre compte en banque. On ménage les calories comme on économise dans le but de partir en voyage, mais on oublie un détail important : notre corps n’a pas de compte épargne. Son seul et unique but est de survivre. Pour lui, il n’existe que le compte courant qui sert aux transactions quotidiennes. Dans ce contexte, les seuls intérêts que tu pourrais gagner en économisant sont un sentiment de faim insatiable, une sensation de perte de contrôle et même des kilos pris plus facilement.
Donc, que fait-on ?
La solution est simple : continue de vivre ta vie normalement, mange à ta faim, cesse d’anticiper les repas qui s’en viennent. Pense à ici et maintenant.
Durant les Fêtes, profite des bons repas avec ta famille et tes ami.es :
- Rappelle-toi que ce n’est pas parce qu’il y a plein de bonnes choses sur la table que tu es obligée de tout manger immédiatement (tu as 2 semaines pour en profiter amplement, il y en aura encore demain, relaxe !). Par contre, si tu en as envie maintenant, allons-y pour maintenant! Utilise ton gros bon sens.
- Oui, tu as le droit de manger ça, même si tu en as mangé hier.
- Non, les calories ne comptent pas, mais ton corps mérite d’être respecté : le bien-être avant tout!
- Ignore les commentaires des autres concernant les calories consommées ou l’exercice qui devra être fait pour brûler tout ça (prépare-toi, c’est SÛR que quelqu’un va la sortir celle-là!). Rappelle-toi que tous les commentaires issus de la culture des diètes viennent des propres insécurités de la personne qui les fait, donc n’ont rien à voir avec toi.
- Bouger ne devrait jamais être une obligation … mais on oublie qu’avant d’avoir été classés comme étant des «brûleurs de calories » par la culture des diètes, sortir patiner avec les enfants, glisser ou skier étaient des choses qu’on faisait par plaisir!
- S’il y a bien une expression populaire qui s’avère vraie, c’est celle qui dit (attention, c’est un peu impoli) « Tu bois une bière, tu en pisses 2 ». Bref, un p’tit verre d’eau de temps en temps, c’est une pas pire bonne idée!
Et, le plus important, n’oublie pas que c’est un temps de l’année pour partager, voir son monde, rire, oublier les tracas du quotidien!
Chères lectrices (et chers lecteurs), je vous souhaite, à l’aube de l’année 2023, du plaisir, des saveurs, de la santé et une bonne grosse dose d’amour!
Avertissement : Le contenu de ce texte ne remplace pas une consultation privée avec une nutritionniste. Il est possible que ces conseils doivent être adaptés à votre situation particulière. Dans le doute, consultez une nutritionniste.
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